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Luca de Meo : «le groupe Renault protégé le Maroc durant la crise»

Rencontré en marge de sa participation à la séance d’ouverture des Assemblées annuelles de la Banque Mondiale et du FMI, le directeur général de Renault Group a amplement commenté le partenariat réussi entre son groupe et le royaume. Prises de notes et confidences au terme d’un échange d’une heure avec quelques représentants de la presse nationale.

Très médiatisées depuis des semaines, les Assemblées annuelles de la Banque Mondiale et du Fond monétaire international (FMI) ont vu la présence d’une horde de personnalités de premier rang. Parmi eux, le Directeur Général de Renault Group, Luca de Meo, était présent non seulement pour prendre part à la séance d’ouverture de ces réunions, mais aussi à l’occasion de la tenue du conseil d’administration de Renault Group qui, pour la première fois, s’est délocalisé au Maroc, à l’usine de Tanger en présence aussi du Président de son Conseil d’Administration, Jean-Dominique Senard.

Avant cela, c’est par Marrakech qu’a commencé la visite de Luca de Meo, qui a accordé une table ronde à quelques représentants des médias nationaux, en présence notamment de Mohamed Bachiri, le DG de Renault Group Maroc. L’occasion d’échanger avec la presse, de répondre à ses questions, non sans revenir sur la réussite de l’écosystème Renault dans le royaume. Sur ce sujet, Luca de Meo s’est non seulement félicité de la chose, mais aussi du fait qu’une «relation de confiance» a été créée entre le groupe Renault et le Maroc.

Le Maroc représente même le deuxième pays en production totale pour le groupe, ce qui représente 17% de ses ventes à l’échelon mondial. «C’est énorme et cela aura tendance à croitre car nous avons annoncé une augmentation de la capacité de production du groupe au Maroc à 500.000 véhicules», a commenté de Meo dans ce sens. Pour lui, le Gouvernement du Maroc est à l’écoute et le pays conscient de ses atouts stratégiques. Le patron de Renault Group est ensuite revenu sur ces trois dernières années pour dire que son groupe «a protégé le Maroc», en faisant allusion à tous les problèmes qui ont affecté l’industrie automobile mondiale depuis la crise sanitaire du Covid. En effet, la filiale marocaine du losange a non seulement conservé de bons niveaux de stocks pour répondre à la demande sur le neuf, mais aucun de ses employés n’a été sacrifié durant cette crise.

Pourtant, force est de constater qu’à son arrivée à la direction exécutive de Renault Group début 2020, l’entreprise allait annoncer ses pires résultats en 125 ans d’existence ! Aujourd’hui, elle réalise les meilleurs résultats de toute son histoire. «Nous avons dû faire le régime à 900 calories», a avoué Luca de Maroc pour expliquer ce qu’il qualifie de «swing impressionnant», rappelant toutes les vicissitudes de cette période. «Nous avons eu deux vagues de Covid, l’inflation sur les matières premières, la guerre entre la Russie et l’Ukraine, puis de gros soucis sur la chaine logistique et malgré tout cela, nous n’avons jamais pénalisé le Maroc», a-t-il affirmé. Puis d’ajouter : «nous sommes donc un partenaire fiable».

S’agissant des engagements pris avec le Maroc, Luca de Meo s’est félicité de l’atteinte des objectifs avec anticipation. Ainsi et alors qu’il était prévu de porter le sourcing local à 1,5 milliard d’euros en 2023, la barre des 2 milliards sera franchie en fin d’année, augurant que l’objectif de 3 milliards à l’horizon 2030 sera lui aussi atteint sans embûche. Quant au taux d’intégration locale, il a déjà atteint les 62,5%, hors mécanique.

Pour lui, le Maroc doit faire partie des outils clés pour la croissance et l’avenir du groupe. «Intellectuellement, le challenge, c’est comment on amène avec nous le Maroc dans la transformation de l’entreprise et cette discussion doit commencer maintenant», a déclaré Luca. L’allusion est ici faite au shift vers l’électrique et à ce sujet, l’homme estime que «ce serait une erreur de pivoter complètement vers le tout électrique». «Il y a un swift à faire vers le véhicule électrique et la fenêtre de tir, sera le renouvellement de la plateforme de la Sandero et du Jogger en 2028… et notre travail sera de définir les caractéristique de tout cela et voir si le Maroc peut jouer un rôle là dedans», estime Luca.

Autre thème en rapport avec le véhicule électrique, l’avantage qu’a le Maroc à se positionner sur la partie haute de la chaîne de valeur de cette industrie et notamment pour ce qui est des matières premières, le cobalt, le phosphates et le cuivre notamment.

Le Maroc peut aussi jouer un rôle en matière de développement des talents dans le secteur des IT et c’est aussi dans ce sens qu’a été créée un tout nouveau hub dit «Renault Digital Maroc» et chargé d’aboutir à de nouvelles compétences stratégiques autour du software et des produits digitaux.

Selon lui, cette transition énergétique qu’amorce l’industrie automobile mondiale est à la fois incertaine et très coûteuse dans un secteur évolutif chaque jour, notamment pour ce qui est des différentes technologies utilisées pour les batteries (LFP, NMC, NCA…). «D’ici 2030, l’industrie automobile européenne avec ses fournisseurs et ses producteurs de batterie aura mis sur la table 250 milliards d’euros en R&D, uniquement pour le développement de la voiture électrique», a martelé de Meo. D’où l’importance de bien étudier son coup et de ne pas «se planter», comme le dit ce polyglotte au parfait accent français.

S’agissant de la rationalisation de ces coûts, Luca de Meo nous a d’ailleurs lancé : «regardez s’il y a un seul constructeur au monde qui a été capable, comme nous, de faire plus de 20 modèles (électrifiés) avec un budget R&D Capex de 4 milliards d’euros, même en Chine, ils n’y en a pas». C’est d’ailleurs pour cela que le même homme avait parlé de «régime à 900 calories».

Enfin, lors de cette rencontre, ont été abordées d’autres questions comme celle de voir s’il y avait une place sur le marché national pour la microcitadine 100% électrique Mobilize Duo, qui est désormais produite au Maroc. «Je pense que la Duo a du potentiel au Maroc, surtout pour les villes et zones métropolitaine où il est question de réduire l’impact environnemental de la mobilité». Autre sujet évoqué, celui de l’avenir d’Alpine à l’aune des défis de l’électrification. «Alpine doit rester une marque pour passionnés», a d’abord martelé Luca de Meo. Puis d’ajouter «le défi d’Alpine sera de montrer que ses modèles électrifiés seront tout aussi fun et plaisants à conduire». Puis de conclure «nous avons 3 à 4 ans pour améliorer la notoriété d’Alpine dans le monde».

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